Du 30 juin au 4 juillet 2025, l’université de Caen Normandie a accueilli la 23e Université de la Paix, organisée dans le cadre de la Chaire Normandie pour la Paix, Mémoire et Avenir de la Paix, en partenariat avec l’Institut international des droits de l’Homme et de la Paix (2IDHP). Le thème de cette année, « La paix durable à l’épreuve de l’économie », a réuni de nombreux experts, universitaires, étudiants, professionnels et acteurs de la société civile pour une semaine d’échanges intenses et engagés.
Une semaine pour explorer les liens entre économie et paix
Cette édition a rassemblé une vingtaine de participants venus d’Europe, d’Amérique, d’Afrique et d’Asie. Ces derniers ont suivi un programme intensif mêlant enseignements théoriques, cas pratiques, ateliers participatifs et rencontres avec des experts internationaux.
Pour cette 23e édition, a été interrogée la manière dont les dynamiques économiques influencent la possibilité de bâtir une paix durable. Trop souvent abordée comme un simple levier de reconstruction post-conflit, l’économie mérite d’être examinée dans toute son ambivalence, à la fois comme facteur de tensions et ressource de pacification. Comment les inégalités économiques nourrissent-elles les frustrations collectives et les radicalisations ? Quel rôle jouent les modèles économiques dans la perpétuation ou la résolution des conflits ? La mondialisation économique favorise-t-elle l’interdépendance pacificatrice ou les logiques de domination ? Quelles responsabilités juridiques portent les entreprises dans les zones de conflit ? Telles sont quelques-unes des questions que cette université d’été a permis d’aborder.
Une approche pluridisciplinaire pour penser la paix économique
Tout au long de cette 23e Université de la Paix, les participants ont exploré une question centrale : comment l’économie peut-elle être à la fois un facteur de conflit et un levier de paix ? Ce fil conducteur a traversé une semaine riche en conférences, dialogues, ateliers et échanges, dans une approche interdisciplinaire, mêlant droit, histoire, économie, philosophie, neuropsychologie et même journalisme.
L’événement s’est ouvert sur les propos introductifs de Nicole Ameline, ancienne ministre, et de Catherine-Amélie Chassin, professeure de droit public à l’université de Caen Normandie, qui ont souligné les enjeux contemporains de la paix économique dans un monde en mutation.
Parmi les temps forts de la semaine, la conférence de Catherine Kessedjian, professeure émérite de droit, a suscité de nombreux échanges sur les tensions entre guerre et économie. Elle a été précédée de l’intervention de Dzovinar Kevonian, historienne, qui a offert une relecture des relations internationales sous l’angle économique. Serge Sur, professeur émérite de droit, a quant à lui retracé l’histoire des relations internationales marquées par la guerre, avant d’expliquer comment le droit a progressivement émergé comme outil de régulation et de paix.
Les questions juridiques ont également été mises en avant grâce aux interventions de Nicolas Eskenazi et Komlanvi Issifou Agbam, qui ont analysé les outils contractuels et les politiques économiques mobilisables en temps de conflit. Le rôle des médias dans la préservation de la démocratie et de la paix a fait l’objet d’un échange engagé entre Jean-Bernard Cazalets et Benoist Chippaux, mettant en lumière les liens étroits entre information libre et stabilité internationale.
Dans une autre dimension, Donia Kaouach a évoqué la responsabilité des entreprises dans la construction de la paix, tandis que Fiona Schnell a présenté les bonnes pratiques en matière de gestion éthique des ressources dans le secteur de la défense.
Enfin, plusieurs études de cas ont permis d’ancrer la réflexion dans des situations concrètes, notamment les mécanismes mis en place par l’Union européenne face à la guerre en Ukraine, analysés par Stéphane Leclerc, ou encore la question de la défense commune européenne abordée par Amélie Zima. Sara Brimbeuf a exposé l’impact du blanchiment d’argent sur la sécurité internationale, et Hervé Platel, professeur de neuropsychologie, a présenté une réflexion originale sur les effets des crises économiques sur la santé mentale.
Une semaine interactive et engagée
La formation prend la forme d’une université d’été, offrant des temps d’échanges privilégiés autour d’une thématique liée à la notion de paix, avec des praticiens et des chercheurs reconnus. Ces temps d’interaction se structurent autour de cours thématiques condensés et pratiques, intégrant également des débats, des tables rondes et des interventions ciblées.
Afin de favoriser les échanges et d’accompagner la professionnalisation des participants, l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix mise sur des méthodes dynamiques et participatives, permettant à chacun d’endosser différents rôles sur des sujets complexes, notamment à travers la simulation, le débat mouvant et le jeu de rôle.
Deux grandes simulations ont ainsi ponctué la semaine : une Assemblée générale des Nations Unies, mettant en lumière les dynamiques de négociation diplomatique, et un exercice humanitaire inspiré du Raid Cross, autour du droit international humanitaire, proposé en partenariat avec la Croix-Rouge.
Une génération en mouvement pour une paix durable
Au-delà des savoirs académiques, cette université d’été a surtout permis de faire émerger une conscience collective autour de la notion de paix économique, en la considérant comme un enjeu stratégique et opérationnel.
Cette édition a souligné la volonté de la Chaire Normandie pour la Paix, Mémoire et avenir de la Paix, d’accompagner les futurs décideurs et chercheur·euses à intégrer les valeurs de solidarité, de durabilité et de justice dans leurs engagements professionnels.
