Dix ans après le 13 novembre 2015 : mémoire, résilience et construction de la paix

  • Dernière modification de la publication :10 octobre 2025
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Le 6 octobre 2025, l’université de Caen Normandie a accueilli une soirée de recherche et de mémoire intitulée « 10 ans de recherche sur la mémoire individuelle et collective des attentats du 13 novembre 2015 ». L’évènement, coorganisé par le laboratoire NIMH (Neuropsychologie et Imagerie de la Mémoire Humaine) de l’université Caen Normandie, ainsi que leurs partenaires et la Chaire Mémoire et avenir de la paix, a réuni chercheurs, participants aux études, témoins et grand public autour de la thématique du traumatisme, de la résilience et de la construction du souvenir partagé.

De la mémoire du traumatisme à la mémoire partagée

Dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, cette rencontre a constitué un moment privilégié pour revenir sur dix années de travaux scientifiques, conduits sous la coordination de Denis Peschanski et Francis Eustache, afin d’éclairer les effets du choc collectif, ses traces dans la mémoire des individus et ses répercussions au sein de la société.

Les chercheurs du programme 13-Novembre, en lien étroit avec la Chaire Mémoire et avenir de la paix, ont présenté les résultats d’études interdisciplinaires mêlant psychologie, neurosciences, histoire, sociologie et droit.

Ces travaux visent à saisir comment le souvenir des événements traumatiques se forme, se transforme et se transmet, et comment il participe de la construction d’une mémoire collective, socle essentiel du vivre-ensemble.

Une soirée d’échanges et de témoignages

Les différentes interventions ont mis en lumière la richesse des approches :

  • L’analyse des mécanismes neuropsychologiques de la mémoire du traumatisme ;
  • La compréhension des dynamiques sociales qui façonnent la mémoire collective ;
  • Et la réflexion sur les enjeux éthiques et politiques de la recherche auprès des victimes et des témoins.

Les témoignages des participants aux études ont apporté une dimension humaine et sensible à cette soirée, rappelant que derrière la recherche, il y a des histoires personnelles, des parcours de reconstruction et un profond besoin de sens.

Une contribution à la paix par la mémoire

Armelle Gosselin-Gorand, professeur de droit privé à l’université de Caen Normandie et porteuse de la Chaire Mémoire et avenir de la paix, a mis en lumière le lien profond entre le programme 13-Novembre et la réflexion juridique sur la construction de la paix. Elle a rappelé que ce projet de recherche, par son approche pluridisciplinaire associant droit, histoire et neurosciences, s’inscrit pleinement dans les objectifs de la Chaire : penser la paix à partir de la mémoire et de la justice.

Son intervention a également souligné le rôle essentiel du droit et du procès dans la reconnaissance des victimes et la reconstruction collective. Le procès des attentats du 13 novembre, filmé pour l’Histoire, a placé la parole des victimes au cœur du débat judiciaire, marquant une évolution majeure de la justice pénale française. Armelle Gosselin-Gorand a aussi salué l’action des associations de victimes, telles que 13onze15 Fraternité-Vérité et Life for Paris, dont l’engagement contribue à préserver la mémoire et à nourrir la réflexion civique sur la paix et la responsabilité.

S’appuyant sur les travaux du laboratoire NIMH et les collaborations inter-disciplinaires impulsées par la Chaire, elle a rappelé que la recherche sur la mémoire et les traumatismes éclaire les politiques publiques et les approches juridiques des droits humains, jusque dans leurs dimensions transgénérationnelles. Dans ses mots, “construire la paix, ce n’est pas seulement traiter les symptômes des conflits, mais en comprendre les causes profondes”.

Cette articulation entre mémoire, justice et paix constitue aujourd’hui une des missions principales de la Chaire.